Le Welsh Corgi, qu’il soit Pembroke ou Cardigan, est un chien robuste, vif et plein de caractère. Cependant, sa morphologie atypique, un corps long monté sur des pattes courtes, le prédispose à des problèmes de santé spécifiques que tout propriétaire responsable se doit de connaître. Adopter un Corgi, c’est s’engager à surveiller son dos, ses articulations et son poids avec une attention particulière. Dans ce guide complet, nous allons explorer en profondeur les aspects médicaux, les prédispositions génétiques et les meilleures pratiques pour garantir une vie longue et heureuse à votre compagnon.
La morphologie du Corgi : une épée à double tranchant
L’apparence si caractéristique du Corgi est due à une condition génétique appelée chondrodysplasie (ou nanisme achondroplasique). C’est ce qui donne ces pattes courtes et légèrement courbées. Si cela lui confère son allure adorable, cela modifie également la structure de son squelette et la répartition des charges sur sa colonne vertébrale.
Contrairement aux chiens de format carré, le Corgi ne dispose pas d’un système de suspension aussi efficace pour amortir les chocs. Chaque saut, chaque escalier descendu brusquement, représente un impact direct sur ses disques intervertébraux. Comprendre cette biomécanique est la première étape pour protéger la santé de votre animal.
Les problèmes de dos : le talon d’Achille du Corgi
La discopathie intervertébrale (IVDD)
C’est sans doute l’affection la plus redoutée par les propriétaires de Corgis. La Maladie du Disque Intervertébral (IVDD) est une condition dégénérative qui affecte la colonne vertébrale. Les disques, qui agissent comme des coussins entre les vertèbres, peuvent durcir, se bomber ou se rompre, comprimant ainsi la moelle épinière.
Symptômes à surveiller d’urgence :
- Réticence à bouger ou à sauter.
- Dos voûté (signe de douleur abdominale ou dorsale).
- Cris de douleur au toucher.
- Faiblesse ou paralysie des pattes arrière.
- Incontinence urinaire ou fécale.
Si vous observez l’un de ces signes, une consultation vétérinaire d’urgence est impérative. Le pronostic dépend souvent de la rapidité de la prise en charge (médicale ou chirurgicale).
La prévention au quotidien
Pour protéger le dos de votre Corgi, l’environnement doit être adapté :
- Évitez les escaliers : Portez votre chien dans les escaliers, surtout lorsqu’il est chiot, ou installez des barrières.
- Pas de sauts : Empêchez-le de sauter du canapé ou du lit. L’utilisation de rampes adaptées est fortement recommandée.
- Harnais plutôt que collier : Un harnais bien ajusté répartit la pression et évite les tensions sur les cervicales.
Dysplasie de la hanche et problèmes articulaires
Bien que souvent associée aux grandes races comme le Berger Allemand, la dysplasie de la hanche touche aussi le Corgi. Il s’agit d’une malformation de l’articulation de la hanche où la tête du fémur ne s’emboîte pas parfaitement dans le bassin. Cela entraîne de l’arthrose précoce et des douleurs.
La génétique joue un rôle majeur, mais les facteurs environnementaux sont tout aussi cruciaux. Une croissance trop rapide ou un exercice excessif sur des surfaces dures durant la jeunesse peuvent aggraver la situation. Il est essentiel de modérer l’activité physique du chiot jusqu’à la fin de sa croissance (vers 12-14 mois).
L’obésité : un facteur aggravant majeur
Le Corgi est un chien extrêmement gourmand. Il sait user de son charme pour obtenir des friandises. Cependant, le surpoids est l’ennemi numéro un de sa santé. Quelques centaines de grammes en trop peuvent sembler anodins pour un humain, mais pour un chien de cette taille, c’est une surcharge considérable pour sa colonne vertébrale et ses articulations.
Un corgi en surpoids multiplie de façon exponentielle ses risques de développer une hernie discale ou du diabète. Il est impératif de peser ses rations, de limiter les extras et de maintenir une activité physique régulière mais adaptée.
Les maladies oculaires héréditaires
Les Corgis peuvent être prédisposés à certaines affections oculaires. Les éleveurs sérieux effectuent des tests génétiques pour écarter ces maladies de leurs lignées.
- Atrophie Progressive de la Rétine (APR) : C’est une maladie dégénérative des cellules photoréceptrices de l’œil qui conduit progressivement à la cécité totale. Il n’existe pas de traitement curatif, mais un test ADN permet de dépister les porteurs sains.
- Luxation du cristallin : Plus rare, elle peut survenir et causer un glaucome douloureux si elle n’est pas traitée.
- Cataracte : Bien que souvent liée à l’âge, une forme héréditaire existe chez le Corgi, provoquant une opacité du cristallin.
La Myélopathie Dégénérative (DM)
La Myélopathie Dégénérative est une maladie neurologique grave, progressive et indolore, comparable à la maladie de Charcot (SLA) chez l’humain. Elle débute généralement après l’âge de 8 ans par une faiblesse de l’arrière-train, une incoordination des mouvements, et évolue vers une paralysie complète.
Il n’existe malheureusement aucun traitement pour stopper la DM. Cependant, le dépistage génétique (test ADN) est aujourd’hui largement disponible. Avant d’adopter, assurez-vous que les parents ont été testés. Idéalement, un chiot ne devrait pas être à risque de développer la maladie (c’est-à-dire ne pas avoir deux copies du gène muté).
Maladie de Von Willebrand
Il s’agit du trouble de la coagulation sanguine le plus fréquent chez le chien, particulièrement chez le Pembroke. Elle est causée par un déficit en facteur de Von Willebrand, nécessaire à l’agrégation des plaquettes.
Souvent, la maladie passe inaperçue jusqu’à ce qu’une intervention chirurgicale (comme la stérilisation) ou une blessure provoque un saignement excessif. Là encore, un test génétique permet de connaître le statut du chien.
Hygiène et soins préventifs
La santé passe aussi par l’entretien régulier. Le pelage double du Corgi nécessite un brossage fréquent, surtout en période de mue. Une négligence à ce niveau peut entraîner des problèmes dermatologiques, des “hot spots” ou cacher des parasites.
Une bonne routine d’entretien ne sert pas uniquement à l’esthétique : c’est un moment privilégié pour inspecter la peau de votre chien, vérifier l’absence de masses, de douleurs au toucher ou de parasites externes (tiques, puces). N’oubliez pas non plus l’hygiène dentaire, car le tartre peut mener à des maladies cardiaques et rénales s’il n’est pas traité.
Espérance de vie du Corgi
Malgré cette liste de pathologies potentielles, le Corgi est un chien qui vit généralement vieux s’il est bien entretenu. L’espérance de vie moyenne d’un Welsh Corgi se situe entre 12 et 15 ans. Certains individus atteignent même les 16 ou 17 ans.
Pour maximiser cette longévité, les piliers sont :
- Une alimentation de haute qualité.
- Le maintien d’un poids de forme strict.
- Une activité physique modérée mais régulière.
- Des visites vétérinaires annuelles (vaccins, bilans sanguins pour les seniors).
Différences de santé entre Pembroke et Cardigan
Bien que les deux variétés de Corgi partagent de nombreux traits communs et la même prédisposition aux problèmes de dos (chondrodysplasie), il existe de légères nuances. Le Cardigan, avec son ossature un peu plus lourde et son avant-main différent, peut présenter des sensibilités articulaires légèrement différentes. Cependant, les protocoles de prévention (dos, yeux, hanches) restent identiques pour les deux races.
La santé mentale : un aspect à ne pas négliger
La santé n’est pas que physique. Le Corgi est un chien de berger, intelligent et fait pour le travail. Un Corgi qui s’ennuie peut développer des troubles du comportement : aboiements excessifs, destruction, anxiété. La stimulation mentale (jeux d’intelligence, apprentissage de tours, nosework) est tout aussi importante que la promenade physique pour garder votre chien en bonne santé globale.
Questions fréquemment posées
Quelle est l'espérance de vie moyenne d'un Corgi ?
L'espérance de vie moyenne d'un Welsh Corgi (Pembroke ou Cardigan) se situe entre 12 et 15 ans. Avec une excellente hygiène de vie, une alimentation adaptée et une gestion stricte de son poids, certains Corgis peuvent atteindre 16 ans ou plus.
Les Corgis ont-ils vraiment des problèmes de dos fréquents ?
Oui, en raison de leur morphologie allongée et de leurs pattes courtes (chondrodysplasie), les Corgis sont prédisposés à la hernie discale et à la discopathie intervertébrale. Il est crucial d'éviter les sauts fréquents, les escaliers et le surpoids pour protéger leur colonne vertébrale.
Mon Corgi peut-il monter les escaliers ?
Il est fortement déconseillé de laisser un Corgi monter et descendre fréquemment les escaliers, surtout les marches hautes ou glissantes. L'impact répété sur la colonne vertébrale augmente le risque de blessure. L'idéal est de porter le chien ou d'installer des rampes, surtout durant la croissance et la vieillesse.
Quels tests de santé un éleveur de Corgi doit-il fournir ?
Un éleveur responsable doit fournir les résultats des tests pour la dysplasie de la hanche, les maladies oculaires (APR/MHOC) et la maladie de Von Willebrand. Pour les Pembrokes et Cardigans, le statut génétique concernant la Myélopathie Dégénérative (DM) est également essentiel.
Comment savoir si mon Corgi souffre du dos ?
Les signes de douleur dorsale incluent : un dos voûté, une réticence à bouger ou à sauter, des tremblements, des plaintes au toucher, ou une difficulté à se lever. Si vous remarquez une faiblesse ou une paralysie des pattes arrière, c'est une urgence vétérinaire absolue.